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124 LA NOUVELLE REVUE FRANÇAISE

est souffreteuse et cependant ses délicatesses sont infinies, comme celles des grandes fleurs de la nature.

Je sais gré à M. Pierre Mille d'avoir si bien décrit cette petite fleur là. Mais comme il a bien compris aussi un exem- plaire d'humanité absolument à l' opposite de celui-ci ! Il a fait, dans le chapitre intitulé " L'aube de l'âge ingrat " le portrait d'un vieux célibataire, de l'oncle de Caillou. C'est une chose de premier ordre. Il nous fait deviner les mystères d'une sensibilité d'homme qui est morte, rien qu'en nous décrivant la manière dont justement elle lui apparaît morte.

Et ces pages sont plus émouvantes encore que celles qui concernent Caillou, car l'enfant voit devant lui toute la vie et ses espoirs tandis que l'oncle de Caillou a vu " le spectre de la vieillesse ".

" Il est venu jusqu'à la porte. Il l'a entr'ouverte, on a vu sa " laide figure. Tout de suite il est parti ; mais on sait qu'il est " dans l'escalier, et qu'il y restera toujours ".

Et je plains Caillou, petit bourgeois futur, de ce qu'il deviendra plus tard, aves quelques variantes, ce vieux bon- homme attendrissant. Ce chapitre-là replace ce tableau d'en- fance dans la perspective totale de la vie.

Francis de Miomandre.

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��LE ROMAN D'UN MALADE, par M. Louis de Robert. (Fasquelle).

Parce qu'en tournant, l'une après l'autre, les pages de ce livre, nous faisons comme palpiter une flamme que tourmenta déjà le vent des tombeaux, parce que, de plusieurs d'entre elles, s'échappent maints cris douloureux, nous n'aurons ni l'audace de souffler sur cette flamme pour essayer d'enfin réteindre, ni la témérité de vouloir étouffer ces cris. Avec joie nous la regarderons se ranimer et continuer de brûler de plus en plus ardente ; avec tristesse nous écouterons leur retentis- sement au fond de nous-mêmes.

On ne pouvait se dispenser, à propos de ce livre, — parce

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