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MOMENTS 425

La rumeur et les voix ne te distrairont pas. Il suffira pour te troubler d'un de ces rires qui semblent nmtre a P heure et dans le Vieu fixés d^une joie anonyme et rôdant près du sol. Alors tu verras battre^ en jets brusques et courtSy et qui pourtant évoqueront tout ton passée de petits souvenirs que tu croyais perdus : certain chemin où marche un enfant qui fut toiy un vieux grenier ouvert à la pleine campagne^ un géranium de pourpre a la crête d^un mur, un visage implacable et qui s^ avancera pour écraser d'un coup vingt ans contre ta face. Tu penseras aussi à des rues éclairées où tu passes souvent et qui, cette nuit-là, i apparaîtront déjà comme ce qm 1^ est plus. Tu oublieras ton âge et tu seras penché. N'attends pas de pleurer ; referme la fenêtre. Si, à côté de toi, une femme est assise, souris-lui et regarde-la jusqi^au désir, et puis va fen dans une chambre où tu sois seul. Fus le coin où Pon rive, et le mur où la voix monte ainsi qu^une onde nerveuse dans la moelle ; fuis les livres à plat sous la lampe baissée, la vitre où passe le prestige des voyages, le lit charnel où tous tes jours viendront finir ; cherche la place unique où ces charmes s'annulent, et Pâme d'alentour qtC ébranla ta venue, poussant tes pas des bourrelets de son remous, te hissera enfin sur sa plus haute lame pour fy laisser en témoignage et en offi-ande : alors, joignant les mains sans savoir que tu pries, n'ayant gardé du corps que la seule stature avec le monde pour support, tu seras dieu.

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