— Ah ! Nanniche, tu ne la trouves pas jolie, ta demoiselle Valentine ?… Dis donc ça, pour voir, devant Philippe Artevelle.
Annette gonfla ses joues et plissa les lèvres d’un air de profond dédain.
— Avec ça, qu’il a l’air amoureux, ce garçon-là !
— Tu le trouves trop grave ?… Tu voudrais qu’il batifolât et qu’il dît des âneries, comme Philéas, le mitron, qui te fait la cour à la porte du boucher… tout se sait, ma petite.
Nanniche toussa, un peu gênée, par les précisions de sa compagne ; elle reprit vivement.
— Ah ! parlez-moi de M. ! Celui-là Pierre ! Celui-là, vrai ! il me plairait.
— Tu n’es pas difficile.
— C’est un garçon avenant qui ne viendrait jamais chez mes maîtres, sans me dire quelque chose : « Bonjour, faible Nanniche… Comment Ça va, fluette enfant ?… » un petit mot aimable, enfin… tandis que M. Philippe, il me passerait sur le corps, sans s’en apercevoir.
— Pour ça, j’en doute.
— Ah ! si je n’étais pas une pauvre servante que personne n’écoute…
— Qu’est-ce que tu dirais ?
— Je dirais que ce mariage-là, ça n’est pas fait.
— Pourquoi donc, Nanniche ?
— Parce que, Mlle Valentine a des moineaux dans la cervelle !
— En voilà une imagination ! Qu’est-ce que tu veux dire ?
— Je veux dire que des moineaux, chacun sait ça, ça chante, ça vole, ça ne s’arrête point et que les idées de notre demoiselle en font autant.
— Ma parole, fit Gertrude, en courroux, tu ferais mieux, ma fille, de veiller sur les rats qui courent dans la tienne. J’ai grande frayeur qu’elle ne soit déjà attaquée.