Page:Nerval - Le Rêve et la Vie, Lévy, 1868.djvu/274

La bibliothèque libre.
Cette page a été validée par deux contributeurs.

On se contenta d’occuper les abords de la rue et de demander des prières au clergé.

Le clergé fit une foule d’oraisons, et l’on envoya même de l’eau bénite avec des seringues par le soupirail de la cave.

Le bruit persistait toujours.


II

LE SERGENT

Pendant toute une semaine, la foule des Parisiens ne cessait d’obstruer les abords du faubourg, en s’effrayant et demandant des nouvelles.

Enfin, un sergent de la prévôté, plus hardi que les autres, offrit de pénétrer dans la cave maudite, moyennant une pension réversible, en cas de décès, sur une couturière nommée Margot.

C’était un homme brave et plus amoureux que crédule. Il adorait cette couturière, qui était une personne bien nippée et très-économe, on pourrait même dire un peu avare, et qui n’avait point voulu épouser une simple sergent privé de toute fortune.

Mais en gagnant la pension, le sergent devenait un autre homme.

Encouragé par cette perspective, il s’écria « qu’il ne croyait ni à Dieu ni à diable, et qu’il aurait raison de ce bruit. »

— À quoi donc croyez-vous ? lui dit un de ses compagnons.

— Je crois, répondit-il, à M. le lieutenant criminel et à M. le prévôt de Paris.

C’était trop dire en peu de mots.

Il prit son sabre dans ses dents, un pistolet à chaque main, et s’aventura dans l’escalier.

Le spectacle le plus extraordinaire l’attendait en touchant le sol de la cave.