Page:Nerval - Le Rêve et la Vie, Lévy, 1868.djvu/322

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vers, ces juvenilia. « Sonnez-moi ces sonnets, » comme disait du Bellay.

Eh bien, étant admis à l’étude assidue de ces vieux poëtes, croyez bien que je n’ai nullement cherché à en faire le pastiche, mais que leurs formes de style m’impressionnaient malgré moi, comme il est arrivé à beaucoup de poëtes de notre temps.

Les odelettes, ou petites odes de Ronsard, m’avaient servi de modèle. C’était encore une forme classique, imitée par lui d’Anacréon, de Bion, et, jusqu’à un certain point, d’Horace. La forme concentrée de l’odelette ne me paraissait pas moins précieuse à conserver que celle du sonnet, où Ronsard s’est inspiré si heureusement de Pétrarque, de même que, dans ses élégies, il a suivi les traces d’Ovide ; toutefois, Ronsard a été généralement plutôt grec que latin, c’est là ce qui distingue son école de celle de Malherbe.


VI

MUSIQUE

Ces poésies déjà vieilles ont-elles encore conservé quelque parfum ? — J’en ai écrit de tous les rhythmes, imitant plus ou moins, comme on fait quand on commence. Il y en a que je ne puis plus retrouver : une notamment sur les papillons, dont je ne me rappelle que cette strophe[1] :


Le papillon, fleur sans tige
Qui voltige,
Que l’on cueille en un réseau ;
Dans la nature infinie.
Harmonie
Entre la fleur et l’oiseau.


C’est encore une coupe à la Ronsard, et cela peut se chanter

  1. Cette pièce, et toutes celles dont parle ici Gérard de Nerval, se retrouveront dans ses Poésies complètes.