Page:Nerval - Le Rêve et la Vie, Lévy, 1868.djvu/77

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journal et une foule encore de tracas et d’ennuis. Hier, je ne sais à quoi j’ai passé ma journée. Je suis allé et venu.

…Il connaît tout le monde, en dit du mal. Je n’ai pas osé le juger si mal sans l’avoir vu. Ce n’est pas la faute de ce pauvre Jean Leroy. Je l’aurais peut-être jugé avec plus d’indulgence,… et je viens de dire pourquoi.

Il ne faut pas rire de cela.


LETTRE XIII

Vous êtes bien la plus étrange personne du monde, et je serais indigne de vous admirer, si je me lassais de vos inégalités et de vos caprices.

Oui, je vous aime ainsi bien plus que je ne vous admire, et je serais fâché que vous fussiez autrement. À un amour tel que le mien, il fallait une lutte pénible et compliquée. À cette passion infatigable, il fallait une résistance inouïe ; à ces ruses, à ces travaux, à cette sourde et constante activité qui ne néglige aucun moyen, qui ne repousse aucune concession, ardente comme une passion espagnole, souple comme un amour italien, il fallait toutes les ressources, toutes les finesses de la femme, tout ce qu’une tête intelligente peut rassembler de force contre un cœur bien résolu. Il fallait tout cela, sans doute, et je vous aurais peu estimée d’avoir cru la résistance plus facile et l’épreuve moins dangereuse.

Toutefois, ne craignez rien ; je suis encore mal remis du coup qu’il m’a frappé, et il me faut du temps pour…


LETTRE XV

Nous avons maintenant à nous garder d’une chose, c’est de cet abattement qui succède à toute tension violente, à tout effort surhumain. Pour qui n’a qu’un désir modéré, la réussite est une suprême joie qui fait éclater toutes les facultés humaines. C’est un point lumineux dans l’existence, qui ne