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ANGÉLIQUE

Nous sommes allés à Châalis pour voir en détail le domaine, avant qu’il soit restauré. Il y a d’abord une vaste enceinte entourée d’ormes ; puis, on voit à gauche un bâtiment dans le style du seizième siècle, restauré sans doute plus tard selon l’architecture lourde du petit château de Chantilly.

Quand on a vu les offices et les cuisines, l’escalier suspendu du temps de Henri IV vous conduit aux vastes appartements des premières galeries, — grands appartements et petits appartements donnant sur les bois. Quelques peintures enchâssées, le grand Condé à cheval et des vues de la forêt, voilà tout ce que j’ai remarqué. Dans une salle basse, on voit un portrait d’Henri IV à trente-cinq ans.

C’est l’époque de Gabrielle, — et probablement ce château a été témoin de leurs amours. — Ce prince qui, au fond, m’est peu sympathique, demeura longtemps à Senlis, surtout dans la première époque du siège, et l’on y voit, au-dessus de la porte de la mairie et des trois mots : Liberté, égalité, fraternité, son portrait en bronze avec une devise gravée, dans laquelle il est dit que son premier bonheur fut à Senlis, — en 1590. — Ce n’est pourtant pas là que Voltaire a placé la scène principale, imitée de l’Arioste, de ses amours avec Gabrielle d’Estrées.

Ne trouvez-vous pas étrange que les d’Estrées se trouvent être encore des parents de l’abbé de Bucquoy ? C’est cependant ce que révèle encore la généalogie de sa famille… Je n’invente rien.


C’était le fils du garde qui nous faisait voir le château, — abandonné depuis longtemps. — C’est un homme qui, sans