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Mais vous me demanderez d’expliquer encore, en pâle prose, ces quatre vers de votre pièce intitulée : Vingt ans.

D’où vous vient, ô Gérard, cet air académique ?
Est-ce que les beaux yeux de l’Opéra-Comique
S’allumeraient ailleurs ? La reine du Sabbat,
Qui, depuis deux hivers, dans vos bras se débat,
Vous échapperait-elle ainsi qu’une chimère ?
Et Gérard répondait : « Que la femme est amère ! »

Pourquoi du Sabbat… mon cher ami ? et pourquoi jeter maintenant de l’absinthe dans cette coupe d’or, moulée sur un beau sein ?

Ne vous souvenez-vous plus des vers de ce Cantique des cantiques, où l’Ecclésiaste nouveau s’adresse à cette même reine du matin :

La grenade qui s’ouvre au soleil d’Italie
N’est pas si gaie encore, à mes yeux enchantés,
Que ta lèvre entr’ouverte, ô ma belle folie,
Où je bois à longs flots le vin des voluptés.

La reine de Saba, c’était bien celle, en effet, qui me préoccupait alors, — et doublement. — Le fantôme éclatant de la fille