Page:Nerval - Petits Châteaux de Bohême, 1853.djvu/54

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tion au ton de mon style, réaliser l’idéal que lui ont présenté mes lettres et mes vers… et c’est à quoi je ne me sens nulle chaleur et nulle énergie… J’ai envie d’aller me remonter l’imagination avec quelques verres de vin d’Espagne.

FABIO, MARCELLI.

MARCELLI. — C’est un triste moyen seigneur Fabio ; le vin est le plus traître des compagnons ; il vous prend dans un palais et vous laisse dans un ruisseau.

FABIO. — Ah ! c’est vous, seigneur Marcelli ; vous m’écoutiez ?

MARCELLI. — Non, mais je vous entendais.

FABIO. — Ai-je rien dit qui vous ait déplu ?

MARCELLI. — Au contraire, vous vous disiez triste et vous vouliez boire, c’est tout ce que j’ai surpris de votre monologue. Moi, je suis plus gai qu’on ne peut dire. Je marche le long de ce quai comme un oiseau ; je