Page:Nerval - Petits Châteaux de Bohême, 1853.djvu/70

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CORILLA. — Non ; je veux tout savoir, et que, dans une si noire aventure, il ne reste du moins aucun doute sur ma loyauté.

MAZETTO. — Ma confession est votre panégyrique, madame ; tout Naples connaît l’austérité de votre vie. Or, le seigneur Marcelli, que voilà, était passionnément épris de vous ; il allait jusqu’à promettre de vous offrir son nom si vous vouliez quitter le théâtre ; mais il fallait qu’il pût du moins mettre à vos genoux l’hommage de son cœur, je ne dis pas de sa fortune ; mais vous en aviez bien pour deux, on le sait, et lui aussi.

MARCELLI. — Faquin !…

FABIO. — Laissez-le finir.

MAZETTO. — La délicatesse du motif m’engagea dans son parti. Comme valet du théâtre, il m’était aisé de mettre ses billets sur votre toilette. Les premiers furent brûlés ; d’autres, laissés ouverts, reçurent un meilleur accueil. Le dernier vous décida à accorder un rendez-vous au seigneur Marcelli, lequel m’en a fort bien récompensé !…

MARCELLI. — Mais qui te demande tout ce récit ?

FABIO. — Et moi, traître ! âme à double