Page:Nerval - Petits Châteaux de Bohême, 1853.djvu/71

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face ! comment m’as-tu servi ? Mes lettres, les as-tu remises ? Quelle est cette femme voilée que tu m’as envoyée tantôt, et que tu m’as dit être la signora Corilla elle-même ?

MAZETTO. — Ah ! seigneurs, qu’eussiez-vous dit de moi et quelle idée madame en eût-elle pu concevoir, si je lui avais remis des lettres de deux écritures différentes et des bouquets de deux amoureux ? Il faut de l’ordre en toute chose, et je respecte trop madame pour lui avoir supposé la fantaisie de mener de front deux amours. Cependant le désespoir du seigneur Fabio, à mon premier refus de le servir, m’avait singulièrement touché. Je le laissai d’abord épancher sa verve en lettres et en sonnets que je feignis de remettre à la signora, supposant que son amour pourrait bien être de ceux qui viennent si fréquemment se brûler les ailes aux flammes de la rampe ; passions d’écoliers et de poëtes, comme nous en voyons tant… Mais c’était plus sérieux, car la bourse du seigneur Fabio s’épuisait à fléchir ma résolution vertueuse…

MARCELLI. — En voilà assez ! Signora,