— J’ignorais ce raffinement, dit madame Bonhomme.
— Voici, répondis-je, la recette qui m’a été donnée par un renégat très-industrieux, lequel l’a vu pratiquer dans l’Hedjaz. On prend une poule…
— Il faut une poule ? dit madame Bonhomme.
— Absolument comme un lièvre pour le civet.
— Et ensuite ?
— Ensuite on allume du feu entre deux pierres ; on se procure de l’eau…
— Voilà déjà bien des choses !
— La nature les fournit. On n’aurait même que de l’eau de mer, ce serait la même chose, et cela épargnerait le sel.
— Et dans quoi mettrez-vous la poule ?
— Ah ! Voilà le plus ingénieux. Nous versons de l’eau dans le sable fin du désert…, autre ingrédient donné par la nature. Cela produit une argile fine et propre, extrêmement utile à la préparation.
— Vous mangeriez une poule bouillie dans du sable ?
— Je réclame une dernière minute d’attention. Nous formons une boule épaisse de cette argile en ayant soin d’y insérer cette même volaille ou toute autre.
— Ceci devient intéressant.
— Nous mettons la boule de terre sur le feu, et nous la retournons de temps en temps. Quand la croûte s’est suffisamment durcie et a pris partout une bonne couleur, il faut la retirer du feu : la volaille est cuite.
— Et c’est tout ?
— Pas encore : on casse la boule passée à l’état de terre cuite, et les plumes de l’oiseau, prises dans l’argile, se détachent à mesure qu’on le débarrasse des fragments de cette marmite improvisée.
— Mais c’est un régal de sauvage !
— Non, c’est de la poule à l’étuvée simplement.
Madame Bonhomme vit bien qu’il n’y avait rien à faire avec un voyageur si consommé ; elle remit en place toutes les cui-