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APPENDICE.

deux préjugés européens, en prouvant qu’il y a dans les pays turcs et des peintures et des cabarets. Plusieurs de nos artistes y vivent fort bien, du reste, en faisant des portraits de sainteté pour les Arméniens et les Grecs du Phanar.

Pour ce qui est de la peinture d’ornements, de la grâce et de l’agencement des arabesques, on sait quelle est là-dessus la supériorité des Turcs. La jolie fontaine de Tophana peut édifier les voyageurs sur le génie de l’ornementation à Constantinople.


xiv — LETTRE D’AMROU

L’histoire du calife Bakem a été pour l’auteur un motif de compléter la description du Caire moderne par une description du Caire ancien, animée par les souvenirs de la plus belle époque historique.

Un document qu’il ne faut pas oublier comme première impression de l’Égypte devenue musulmane, c’est la lettre écrite par Amrou ou Gamrou au calife Omar, à l’époque de la conquête de ce pays par les musulmans.

Nous ne pouvons mieux conclure des remarques sur l’Égypte actuelle qu’en la citant. Ce détail nous permet, en outre, de fixer un point d’histoire qui paraît avoir égaré bien des savants. M. Ampère, qui a publié un travail fort étudié et fort important sur l’Égypte, s’est laissé aller à l’erreur commune qui suppose que le calife Omar a fait lui-même le siége d’Alexandrie. On verra, par les faits suivants, que c’est son général Amrou ou Gamrou qui fut chargé de cette expédition. Nous avons conservé ici le vieux style d’un ancien orientaliste, Pierre Vattier, qui rend admirablement le style arabe.

Voici d’abord la lettre qu’écrivit le commandeur des fidèles, Omar, à Amrou ou Gamrou (la langue française ne rend qu’imparfaitement les consonnances de l’arabe) :

« De la part de Gabdolle Omar, fils du Chettabe, à Gamrou, fils du Gase. Dieu vous donne sa paix, ô Gamrou ! et sa miséricorde et ses bénédictions, et à tous les musulmans générale-