Page:Nettement - Histoire de la littérature française sous la restauration 1814-1830, tome 1.djvu/182

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présenta comme le complément et comme la sanction de la première ; c’est à cette occasion qu’il prononça cette phrase célèbre : « La religion est aujourd’hui obligée de faire son apologie devant ses propres enfants, comme autrefois devant les Gentils et les Juifs. » Presque aussitôt après, il fit, sur l’indifférence en matière de religion, une conférence qui attira un concours prodigieux et produisit une impression profonde : « Je ne vous dis pas, s’était-il écrié en commençant, Croyez avant d’examiner, mais examinez pour croire. » Le 19 mars 1809, il établit à l’aide des travaux de Cuvier, alors nouveaux, l’exactitude des récits mosaïques sur la création et sur le déluge. Dans les conférences suivantes, il arriva aux mystères. Mais il était indiqué que la tolérance du gouvernement pour les conférences de M. Frayssinous ne serait que provisoire. Il est dans la fatalité du pouvoir absolu de ne pouvoir supporter le voisinage d’aucune liberté. Quand les rapports de l’empereur avec le pape s’envenimèrent, et quand cette omnipotence matérielle sans limite rencontra une résistance plus forte qu’elle dans un vieillard appuyé sur un devoir, Napoléon comprit qu’il ne pouvait plus supporter la liberté de la chaire, et un ordre supérieur interdit les conférences de M. Frayssinous. La première période de cet enseignement sacré avait duré, sous sa forme définitive, pendant six ans, de 1803 à 1809 ; car on ne peut guère compter les deux premières années, pendant lesquelles M. Frayssinous s’essaya avec M. Clausel de Coussergues, dans des instructions dialoguées.