Page:Nettement - Histoire de la littérature française sous la restauration 1814-1830, tome 1.djvu/181

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M. Frayssinous avait parlé convenablement de la gloire militaire de la France, dans une conférence à laquelle il avait assisté ; qu’il ne pouvait ni ne devait, dans un discours entièrement étranger à cette matière, parler de la loi de recrutement, et qu’il y aurait même de graves inconvénients à ce que les ecclésiastiques se permissent de s’immiscer dans un sujet si éloigné de leur compétence. Quant au reproche de prêcher le cagotisme, rien de moins mérité, car l’ecclésiastique en question n’avait pu s’occuper jusqu’alors que des grandes vérités de la religion naturelle, et il n’avait encore présenté le christianisme que comme le plus beau système de religion qu’on pût offrir à des nations civilisées. Comme le ministre de la police persistait à maintenir l’interdiction, le ministre des cultes en référa à l’empereur, qui était alors à la tête de ses armées. Il consentit à révoquer la mesure que Fouché avait prise, mais il fit seulement entendre au conférencier de Saint-Sulpice qu’il devait parler avec éloge du chef de l’État. M. Frayssinous pensa qu’il valait mieux se soumettre à cette exigence que de renoncer à un enseignement qui produisait un si grand bien, et dans des paroles d’ailleurs fort dignes, il remercia Dieu d’avoir employé, au commencement du siècle, une main puissante à relever ses autels. Par cette déférence, M. Frayssinous gagna une année et demie. Il put, pendant le cours de 1808, développer les grands principes de la religion naturelle. En 1809, il arriva aux vérités surnaturelles de la religion révélée, qu’il