Page:Newton - Principes mathématiques de la philosophie naturelle, tome premier.djvu/16

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des Péripatéticiens, des Platoniciens, des Épicuriens, des Zénonistes, en attendant qu’il y eût des Sages.

Si on appelle encore en France Newtoniens les Philosophes qui ont joint leurs connoissances à celles dont Newton a gratifié le genre humain, ce n’est que par un reste d’ignorance et de préjugé. Ceux qui savent peu et ceux qui savent mal, ce qui compose une multitude prodigieuse, s’imaginèrent que Newton n’avoit fait autre chose que combattre Descartes, à peu près comme avoit fait Gassendi : ils entendirent parler de ses découvertes, et ils les prirent pour un systême nouveau. C’est ainsi que quand Harvée eut rendu palpable la circulation du sang, on s’éleva en France contre lui : on appella Harvéistes et Circulateurs ceux qui osoient embrasser la vérité nouvelle que le Public ne prenoit que pour une opinion. Il le faut avouer, toutes les découvertes nous sont venues d’ailleurs, et toutes ont été combatues. Il n’y a pas jusqu’aux expériences que Newton avait faites sur la lumière, qui n’ayent essuyé parmi nous de violentes contradictions. Il n’est pas surprenant après cela que la gravitation universelle de la matière ayant été démontrée, ait été aussi combatue.

Il a fallu, pour établir en France toutes les sublimes vérités que nous devons à Newton, laisser passer la génération de ceux qui ayant vieilli dans les erreurs de Descartes, turpè putaverunt parere minoribus, & quæ imberbes didicêre, fenes perdenda fateri.

Madame du Châtelet a rendu un double service à la postérité en traduisant le Livre des Principes, et en l’enrichissant d’un Commentaire. Il est vrai