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Page:Nichault - La Comtesse d Egmont.pdf/106

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LE MARQUIS DE CONDORCET.

On affirme que M. Séguier a déjà un grand nombre de voix.

LE MARÉCHAL.

Cela doit être, si la jolie mademoiselle Deschamps fait in­ triguer pour lui tous ceux avec qui elle le trompe.

LE COMTE DE B***.

Il faut que cette fille-là ait bien de l’attrait, car elle lui a déjà attiré une aventure très-désagréable.

LA DUCHESSE D’AIGUILLON.

Dites-nous-la. C’est toujours amusant les frasques d’un avocat général.

LE COMTE.

Vous savez que celui-ci, généreux de plus d’une manière avec les demoiselles de l’Opéra et autres, est à moitié ruiné. L’obligation d’être économe amène toujours des désagréments avec ces dames. M. Séguier avait fait louer secrètement un appartement chez un M. Roger, procureur au Châtelet, et y avait installé sa Vénus ; mais la procureuse ayant appris qu’elle avait chez elle la fille d’un acteur de l’Opéra-Comique, donne congé à mademoiselle Deschamps, et veut la faire sortir de sa maison par autorité supérieure. Grand bruit de la part de la courtisane, qui imagine, pour se venger, un moyen peu noble, mais d’un grand effet : elle fait jeter un panier d’or­ dures dans l’antichambre de madame Roger, qui, de son côté, court sur son palier invectiver sa locataire. M. Séguier a le tort de descendre pour prendre le parti de sa maltresse ; la procureuse Rinsulte et la souflète. Le procureur arrive aux ens de sa femme : ils se battent. Le guet à cheval survient ; on les sépare. M. Séguier se retire. On va chercher des com­ missaires ; mais ceux-ci, en apprenant qu’il s’agit d’un avo­ cat général, refusent de verbaliser. Le procureur Roger va chez le lieutenant de police, qui fécond que cela ne le regarde