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Page:Nichault - La Comtesse d Egmont.pdf/89

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ficile de trouver un homme aimable à côté de lui ; à propos, il va revenir ! que j’en suis ravie ! On m’avait dit d’abord que son retour était l’ouvrage de madame de Lauraguais ; mais j’ai appris depuis que le roi l’avait accordé à vos beaux yeux en dépit de la marquise. C’est un triomphe que vous ne laisserez pas refroidir, j’espère… Mais j’oubliais ce qui m’amène ; il faut que vous m’excusiez ce soir auprès de la duchesse de Luxembourg ; je ne puis souper chez elle ; je suis forcée d’aller à Saint-Ouen ; l’aimable duc de Nivernais ne me pardonnerait pas de manquer à sa réunion de famille ; et, bien que je déteste l’ennui de ces longues solennités, il faut que je lui sacrifie la gaieté d’un souper charmant, et plus encore le plaisir d’être avec vous.

— Je n’étais pas décidée à sortir ce soir, répondit madame d’Egmont, en commençant à pâlir.

— Mon Dieu ! n’allez pas augmenter la mauvaise humeur de madame de Luxembourg, en lui manquant aussi de parole ; elle nous accablerait de ses épigrammes ; vous, surtout, qui n’avez pas un dîner de noces pour excuses.

— Ah !… M. de Nivernais marie sa fille ?…

— Quoi ! vous ne le saviez pas ?… ce mariage fait pourtant assez de bruit ! le roi donne un grade, le maréchal un million, en attendant l’immense fortune qui reviendra à son fils ; tout cela s’est arrangé en huit jours ; et c’est madame de Mazarin qui doit présenter à la cour la jeune comtesse de Gisors…

À ce nom, Septimanie sentit un froid mortel circuler dans ses veines ; sa respiration s’arrêta ; et Gentil Bernard, voulant distraire madame de Villeroi de l’effet que sa nouvelle venait de produire sur madame d’Egmont, prit aussitôt la parole, et rappela à la duchesse la comédie qu’on devait bientôt jouer, chez elle ; elle éclata en reproches contre tous les acteurs de société, dont chacun voulait le premier rôle. Elle pria Gentil Bernard de faire une comédie-ballet, tout exprès pour son théâtre, et termina sa visite en le suppliant de rimer quelques vers pour être dits le jour où elle rendrait aux jeunes mariés leur dîner de noce. Il promit tout ce que désirait la duchesse,