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Page:Nichault - La Comtesse d Egmont.pdf/91

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chaL de Richelieu la rappela près de lui ; il fallut reprendre les habitudes du monde, retourner à la cour, y rencontrer la comtesse de Gisors.

Pendant le séjour de Septimanie à l’abbaye de Montmartre, elle avait été portée par ordre du roi sur la liste des femmes invitées à un voyage de Marly, où, malgré la saison avancée, il devait y avoir de grandes parties de chasse suivies de jeu et bal. La duchesse d’Aiguillon n’ayant pu déterminer sa nièce à paraître à ces fêtes, l’avait excusée de son mieux près du roi ; mais quelques mots échappés à sa majesté contre la pruderie de certaines grandes dames avaient prouvé le mauvais effet du refus de madame d’Egmont. Plusieurs personnes attribuèrent ce refus à la froideur avec laquelle Louis XV accueillit d’abord le vainqueur de Mahon ; à peine lui parla-t-il de sa victoire. Mais peu de temps après, un grand événement rendit au maréchal toute la faveur du maitre.

Il remplissait depuis cinq jours sa charge de premier gentilhomme, lorsque, vers six heures du soir, le roi étant prêt à monter en voiture pour se rendre à Trianon, un homme s’avance entre les gardes, comme s’il était un officier de la maison, frappe le roi d’un coup de canif au-dessus de la cinquième côte, et rentre au milieu des spectateurs. Le roi porte la main sur sa blessure, en tire quelques gouttes de sang, se retourne, reconnaît l’assassin qui avait conservé son chapeau sur la tête, et dit :

— C’est cet homme qui m’a frappé ; qu’on l’arrête, et qu’on ne lui fasse point de mal.

L’assassin est arrêté ! il s’empresse de dire :

— Qu’on prenne garde à Monsieur le Dauphin, et qu’on ne le laisse pas sortir de la journée.

L’alarme est au comble ; on croit qu’une vaste conspiration menace toute la famille royale. Le roi est porté dans son lit ; sa blessure est légère, mais on craint que l’arme dont il a été atteint ne soit empoisonnée ; lui-même, saisi de cette idée, se croit à son dernier moment ; on s’empresse de lui donner tous les secours de la religion. La reine effrayée vient le trouver ; il lui parle avec tendresse, et se félicite d’avoir été frappé