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Page:Nichault - La Comtesse d Egmont.pdf/94

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— C’est elle, pensa madame d’Egmont. Oh ! mon Dieu, qu’elle est jolie !…

Et des larmes obscurcirent ses yeux : Se croyant à l’abri des regards, seule, rencognée dans cette embrasure de fenêtre, elle laissa couler ses pleurs, ou plutôt, absorbée dans un morne désespoir, elle ne s’aperçut pas que son visage en était inondé.

Mais un homme était là qui la contemplait avec rage et bonheur. Après avoir conduit sa femme vers madame de Mazarin, M. de Gisors était revenu malgré lui à l’endroit de la galerie où il avait aperçu madame d’Egmont, entraîné par la seule idée d’y réver encore sa présence… Que devint-il en la retrouvant à cette même place, baignée des larmes qu’elle n’avait plus la force de cacher !

— Serait-il vrai ! dit-il hors de lui et d’une voix étouffée, Septimanie répondrait encore à…

— Éloignez-vous ! dit-elle dans un égarement qui le fait trembler ; éloignez-vous, ou je vais… mourir… là, devant tous ces yeux qui nous observent !

— Un mot, un seul mot ; ne croyez pas…

En ce moment, la duchesse d’Aiguillon, qui cherchait sa nièce, la rejoint, lance un regard sévère au comte Louis, qui s’éloigne dans un trouble impossible à peindre.

— Pourquoi nous laissez-vous ainsi ? dit la duchesse. La reine vient de faire prévenir qu’elle nous recevrait en sortant de chez le roi.

— Je ne sais… si je pourrai… vous y suivre, répondit madame d’Egmont en respirant à peine.

— Vous le pourrez, ma chère amie, reprit la duchesse, car votre mari, ajouta-t-elle en appuyant sur ce dernier mot, vous blâmerait justement de manquer à ce devoir.

En parlant ainsi, elle prit le bras de sa nièce, et l’entraîna vers l’appartement de la reine.