Page:Nichault - Le Mari confident.pdf/30

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naïve de son âge et de son caractère à la fois sérieux et enjoué. Puis, tout à coup, arrêtée par une idée importune, elle achevait sa phrase dans la contrainte ; son visage changeait d’expression, l’embarras succédait à l’épanchement. Elle semblait sous l’empire d’une arrière-pensée douloureuse, d’un mauvais pressentiment, et Adalbert, qu’un mystère quelconque alarmait toujours, se levait alors et s’éloignait de Clotilde, pour lui cacher l’impression pénible qui le dominait.

Enfin, ce jour solennel et éternel finit. Madame Thomassin, le visage noyé de larmes et avec toute la résignation d’une mère qui abdique, conduisit sa fille dans l’appartement destiné aux nouveaux époux. La richesse de l’ameublement, la réunion des objets les plus précieux qui font aujourd’hui l’envie des jeunes maîtresses de maison, n’attirèrent pas même les regards de Clotilde. Sa mère pleurait, elle pleura. Elle douta d’un bonheur qui coûtait des larmes à sa mère, et c’est tremblante de douleur et de crainte qu’elle entendit fermer et bientôt après ouvrir la porte de la chambre nuptiale.