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Page:Nichault - Un mariage sous l empire.djvu/117

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la subirez tout entière. Vous croyez peut-être vous faire justice à vous-même en vous résignant pour quelques années à vivre loin du monde, dans une retraite où les douleurs du repentir céderont bientôt au charme d’une vie indépendante, où le repos et les soins mystérieux donnés à un enfant composeront de fort douces journées ; ce châtiment vous parait suffisant pour expier le tort d’abandonner un père qui ne s’est point remarié par tendresse pour vous ! un mari qui vous a confié l’honneur d’un des plus beaux noms de France ! Après une telle fuite, pensez-vous qu’il accepte la fortune que votre vertu lui légue ? Ah ! vous le connaissez trop bien pour douter un instant que votre séparation n’entraîne sa ruine ! En prenant ce parti, non contente de l’exposer au ridicule, aux suppositions injurieuses d’un monde méchant, aux suites inévitables des propos que de tels scandales font naître, vous lui enlevez, avec son repos, l’existence qu’il tient de votre fortune ; vous devenez l’arme fatale qui le frappe au milieu de sa carrière, lorsqu’il vient de se couvrir de gloire, lorsqu’il est au moment d’obtenir le prix dû à son courage, à cette noble résignation qui l’a fait entrer comme soldat dans l’armée française au lieu d’aller parer l’antichambre des Tuileries et prostituer son ancien nom parmi les favoris d’une cour nouvelle, enfin c’est lorsque tout lui promet un brillant avenir, que vous le forcez à tout abandonner pour aller cacher la honte qui retombe sur lui !

— Oh ! mon Dieu ! que faut-il faire pour le sauver d’un pareil malheur ? dites. Je puis tout braver plutôt que de le rendre victime de ma honte. Avec quelle joie je donnerais ma vie… cette existence qui n’est plus qu’un malheur pour moi, pour tout ce que j’aime ! Mais serais-je donc si criminelle en ensevelissant cet affreux secret avec moi ?… Vous détournez les yeux… je vous fais horreur… Ah ! malheureuse !…

— Oui, cet atroce vœu m’indigne ! Et qu’est-ce autre chose que le désir impie de s’affranchir d’une punition méritée ? Ce n’est point ainsi que vous pouvez expier vos torts.

— Ah ! donnez-moi le-moyen d’en obtenir un jour le pardon ; et dussiez-vous m’infliger le plus cruel, le plus long