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Page:Nichault - Un mariage sous l empire.djvu/228

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intérêt du jour, en apprenant à tous la nouvelle de la grossesse de l’impératrice. Madame Ziamanoff, qu’on était toujours sûr de voir arriver après la moindre cérémonie, la moindre fête à la cour où elle n’avait pas été invitée, suppliait madame de Lorency de lui raconter en détail comment tout s’était passé.

— Est-il vrai, disait-elle, que tous les enfants fussent vêtus de même ? Étiez-vous en manteau de cour, ? Cette parure en plein jour ne devait pas être favorable à plusieurs de ces dames ; le blanc et le rouge font si mauvais effet au soleil, et cette chapelle est si claire ! Quelle figure faisait la duchesse de… ? Vous savez que l’empereur lui a fait une scène, avant-hier matin, pour l’avoir vue en robe de perkale brochée chez la reine de Naples ; il a prétendu que cette robe était venue de Londres, et il est parti de là pour faire une sortie virulente contre les femmes assez dénuées de patriotisme pour enrichir les ennemis de la France, et se parer du produit de leur industrie, au lieu d’encourager la nôtre. Jugez si la pauvre femme était déconcertée.

— Encore si sa pénitence avait fini là, dit M. de Maizières ; mais rentrée au logis, son mari, qui est chargé de faire brûler lès marchandises anglaises partout où l’on en trouve, n’aura pas manqué de prouver son patriotisme en la traitant encore plus mal que l’empereur. En bon courtisan, il aurait dû faire, devant toute sa maison, un auto-da-fé de la robe insulaire.

— Aimez-vous les nouveaux chapeaux de Leroy ? reprit la comtesse Ziamanoff en s’adressant à Ermance ; je trouve qu’ils ne vont bien qu’aux figures longues ; ils ont été évidemment composés pour l’impératrice. Les brunes au visage arrondi feront bien de les abandonner ; ils leur donnent l’air commun.

Ermance, préoccupée d’idées fort opposées à celles qui captivaient en ce moment l’esprit de madame Ziamanoff, se trouva bien soulagée en voyant que madame de B… se chargeait de lui répondre. Alors il s’engagea entre ces dames une discussion raisonnée à propos de plusieurs façons de robes, de chapeaux, de toques, sur la préférence qu’il fallait accor-