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Page:Nichault - Un mariage sous l empire.djvu/229

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der à madame Germont, à Leroy et à mademoiselle Despaux, et ce ne fut qu’après un long examen des modes propagées par ces trois grands génies que le prix fut décerné à Leroy, comme rappelant, par la variété et l’universalité de ses ouvrages, le mérite et la fécondité de Voltaire.

Ainsi le bavardage des gens à la mode coule à travers les intérêts sérieux, les peines secrètes, sans s’apercevoir, sans s’inquiéter de rien, sans soupçonner qu’on puisse être ennuyé ou importuné d’une conversation qui traite de ce qui les intéresse avant tout. Peut-être cet aveuglement est-il un bien : les esprits légers font tant de mal quand ils se mêlent de juger les sentiments qu’ils ne sauraient comprendre !



XXXVII


Ermance s’était promis de retourner à Montvilliers aussitôt après la cérémonie du baptême, mais elle ne pouvait quitter Paris avant le départ de M. de Lorency. Fatiguée des visites de la veille, elle lit défendre sa porte, espérant qu’Adhémar viendrait lui parler de ses projets ; mais il fit dire qu’il dînerait ce jour-là chez le duc de C… Ermance l’attendit en vain toute la soirée ; le bruit de sa voiture lui apprit qu’il était rentré à plus de minuit.

Le lendemain, sa femme de chambre, après avoir ouvert ses volets, lui remit une grande enveloppe contenant un papier timbré dont l’écriture classique était fort difficile à déchiffrer. À force d’application, Ermance finit par découvrir que c’était une procuration signée par M. de Lorency, qui lui donnait tout pouvoir d’aliéner et de vendre les propriétés qu’elle avait reçues en dot ou en présent de son père, M. Brenneval.

Elle devina trop bien que ce papier, qui lui laissait la libre disposition de sa fortune particulière, était le seul adieu qu’elle recevrait d’Adhémar. En effet, il venait de partir en