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Page:Nichault - Un mariage sous l empire.djvu/54

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ger à être du voyage ; elle me vengera de vos dédains par des bons mots que vos ennemis retiendront, et j’aurai la petite joie de lui voir enlever vos adorateurs l’un après l’autre, par la seule vertu de sa causerie piquante.

En finissant ces mots, M. de Maizières sortit ; Caroline se retira pour laisser Ermance écouter ou questionner plus librement la duchesse d’Alvano : celle-ci profita de l’occasion pour provoquer la confiance de madame de Lorency par de demi-confidences, et finit par s’attirer l’aveu de tout ce que souffrait Ermance.

— Je le pressentais, pensa-t-elle, il était prêt à l’aimer ! mais madame de V… me le rend pour toujours. Son rapport a détruit tous ses progrès dans le cœur d’Ermance.

Et, se réjouissant de voir les soupçons de madame de Lorency tomber sur la duchesse d’Urbino, elle revint l’âme délivrée d’une inquiétude insupportable et remplie d’espérance. Elle avait laissé Ermance plus calme ; à force de s’entendre répéter que son malheur était celui de presque toutes les femmes, elle n’osait plus en souffrir, et ne conservait plus que l’envie de s’en venger par une bonne coquetterie. Ainsi, le cœur le plus pur, le plus charmant naturel cèdent aux tortures de l’amour-propre, comme le courage, la vérité cèdent aux tortures des inquisiteurs.



X


M. Brenneval avait fait retenir le plus bel appartement d’une maison de bains à Aix-la-Chapelle, sur la place du Compesbadt. C’est là que sa fille et madame la comtesse Donavel descendirent, car une dotation venait de conférer le titre de comte à son mari, et cette faveur avait eu l’approbation de toute l’armée. La ville était déjà remplie d’étrangers que la saison des eaux y attirait peut-être moins que l’arrivée de la princesse Pauline ; elle logeait à la préfecture, où elle réunissait chaque soir l’élite des buveurs, ayant grand soin de s’informer des titres que chacun d’eux pouvait avoir à sa politesse