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Page:Nichault - Un mariage sous l empire.djvu/77

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ce que vous valez : Adhémar saura bientôt ce qu’il possède, et la moindre preuve de tendresse de votre part le rendra amoureux fou. Que cette assurance serve à vous guérir : ne laissez pas la fièvre ternir ce beau teint, ce regard si doux ; cela ferait trop de plaisir à la grande rivale !

L’arrivée de M. Brenneval interrompit cet entretien ; il s’attendait à revoir sa fille embellie par le séjour des eaux. Son chagrin de la trouver triste et malade fut extrême, et lui inspira pour la première fois l’idée qu’Adhémar ne la rendait pas heureuse. Ce fut un nouveau tourment pour elle que d’avoir à dissiper ce soupçon. La crainte de voir naître le moindre sujet de querelle entre son père et son mari lui donna la force de surmonter ses souffrances ; aucun sacrifice ne lui semblait impossible depuis qu’elle s’était résignée à revoir la duchesse d’Alvano ; mais il est plus facile de cacher ses peines que son mépris, et les manières froidement polies d’Ermance ne firent qu’irriter davantage la susceptible Euphrasie : seulement elle se contraignit assez pour laisser croire à tout ce qui l’entourait qu’elle était encore l’amie préférée de madame de Lorency. Désirant surtout abuser ses compagnes de cour, elle écrivit à la dame d’honneur de l’impératrice que l’état de son amie madame de Lorency ne lui permettant pas de la quitter, elle suppliait Sa Majesté de vouloir bien lui accorder encore quelques jours.

Ermance n’attendit pas la fin de sa fièvre pour se mettre en route : en vain son père et madame Donavel s’opposèrent-ils à sa détermination de quitter un séjour où le plus cruel souvenir la poursuivait comme un fantôme.

Une lettre d’Adrien vint ajouter encore de nouvelles craintes à toutes celles qui l’agitaient ; il lui jurait un amour éternel, et se livrait avec délire à l’espérance de la revoir bientôt, car la paix allait être signée, et il se flattait de pouvoir venir passer l’hiver à Paris. Si Ermance avait pu se tromper encore sur l’exaltation factice et le sentiment imaginaire qui l’avaient séduite un moment, son tremblement, en lisant cette lettre, l’aurait suffisamment éclairée.

— Le revoir ! s’était-elle écriée ; compromettre le repos, la di-