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Page:Nichault - Un mariage sous l empire.djvu/82

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elle leva les yeux au ciel, comme pour lui demander la force de soutenir une si cruelle épreuve.

— Tous ces maux-là vont finir : la paix va enfin nous donner quelque répit, et je veux que nous passions un hiver joyeux… Mais embrasse-le donc, ajouta M. Brenneval ; console-le donc un peu d’avoir failli te tuer de saisissement ; il en a lui-même le visage tout bouleversé : allons, n’attristez pas ainsi le peu de moments que vous avez à passer ensemble.

— Vous repartez bientôt ? demanda Ermance d’un air timide.

— Hélas ! oui, reprit Adhémar ; on ne m’a donné que deux jours pour remettre mes dépêches et reprendre celles que je dois rapporter ; mais l’armée reviendra bientôt, et cette fois je n’arriverai pas si mystérieusement, ajouta-t-il en baisant la main d’Ermance.

— On demande à parler à monsieur de Lorency, dit en cet instant un domestique.

— Qui peut me demander ? reprit Adhémar étonné ; personne, excepté le ministre de la guerre, ne me sait ici.

— C’est un des gens de la duchesse d’Alvano, répondit le domestique ; il est porteur d’une lettre qu’il ne veut remettre qu’à monsieur.

— Qu’il attende ! répliqua avec humeur M. de Lorency.

Au nom de la duchesse d’Alvano, Ermance avait retiré sa main, que tenait Adhémar : ce mouvement ne lui avait point échappe.

— Ah ! c’est sans doute par l’impératrice qu’elle aura appris mon arrivée, dit-il d’un air indifférent ; il y avait dans les dépêches une lettre de l’empereur pour elle.

— Quelques douceurs, sans doute, dit M. Brenneval, pour lui faire avaler la coupe d’amertume ; la pauvre femme m’a tout l’air de faire les frais du traité.

— Allez, on vous attend, dit Ermance pénétrée du soin qu’Adhémar prenait de la rassurer.

Et il passa dans la salle où il croyait trouver l’émissaire de madame d’Alvano ; mais cet homme, présumant qu’on le ferait attendre davantage, se promenait dans l’avenue.