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Page:Nichault - Un mariage sous l empire.djvu/83

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Pendant ce temps, Ermance, ne voyant point revenir son mari, pria son père de l’aider à retourner dans sa chambre, car elle avait de la peine à se soutenir.

En rentrant dans le salon ; Adhémar s’inquiéta de n’y plus trouver Ermance. M. Brenneval lui dit qu’il l’avait engagée à prendre un peu de repos pour se remettre de son trouble et être en état de dîner avec eux. Cela était vrai ; mais Adhémar ne se faisait pas d’illusion sur le motif qui avait déterminé Ermance à s’éloigner de lui en ce moment où elle le supposait occupé d’une autre, et, s’il n’avait été retenu par la crainte de lui en apprendre plus qu’elle n’en savait sur sa liaison avec Euphrasie, il n’aurait pas manqué d’aller sur-le-champ s’accuser d’une faute qui avait perdu tout son charme ; mais jamais une minute de confiance, d’épanchement n’avait rompu entre eux ce qu’un de nos auteurs appelle la glace des arrières-pensées ; et, lorsqu’une intimité quelconque peut s’établir sur cette glace, elle devient presque impossible à rompre : les actions sont calculées sur les devoirs, les plaisirs sur les convenances ; pourvu que la conversation n’arrive pas à la pensée dominante, elle ne tarit point ; et l’on passe dans le monde pour s’aimer, parce qu’on se voit souvent et qu’on ne se dispute jamais.

Les orgueilleux sont plus sujets que d’autres à cette infirmité de l’âme, et, lorsqu’il s’y joint un malaise de conscience, la cure en est encore plus difficile. Le billet qu’Adhémar venait de recevoir était rempli des plus tendres reproches sur le mystère de son arrivée ; la duchesse d’Alvano le suppliait de ne pas repartir sans venir la voir ; il était bien décidé à ne pas céder à cette prière, mais il n’y avait pas moyen de faire valoir ce sacrifice sans indiscrétion, et Adhémar garda sur ce billet un silence délateur.

L’arrivée de madame de Cernan et de M. de Maizières vint ajouter à la contrainte qu’il s’imposait. M. Brenneval, présumant que son gendre n’aurait pas le temps d’aller voir sa tante et son ami, leur avait envoyé un exprès pour les engager à venir dîner avec lui ; vivement contrarié de cette bonne attention, il fallut qu’Adhémar en parût enchanté. C’était la