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Page:Nichault - Un mariage sous l empire.djvu/84

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première fois qu’il voyait troubler le petit comité de famille avec regret

Le récit des principaux faits de la campagne de Wagram, de celui des événements de Paris, fournit à la conversation pendant la promenade qui précéda le dîner. Un voisin de campagne, que M. Brenneval ne se soutenait pas d’avoir invité quelques jours auparavant, un vaudevilliste qui venait quand il lui plaisait, attendaient tous deux dans le salon lorsque le maître de la maison et ses amis y rentrèrent. Chacun leur fit un accueil proportionné au cas qu’il en faisait. M. de Lorency fut avec eux poli et distrait, M. Brenneval sans façon, M. de Maizières d’une familiarité insolente ; quant à madame de Cernan, elle ne prit garde ni à l’un ni à l’autre.

La cloche annonça que le dîner était servi. M. de Lorency, craignant qu’Ermance ne fût encore trop souffrante pour sortir de sa chambre, se levait pour aller la voir lorsqu’elle entra dans le salon.

— J’allais vous chercher, dit Adhémar, et, si je n’avais craint de vous causer une nouvelle surprise, je serais allé savoir plus tôt comment vous vous trouvez ; mais j’ai été si malheureux dans mon apparition…

— Ah ! la voilà donc cette chère Ermance ! s’écria madame de Cernan en allant embrasser sa nièce. Comme elle est jolie dans ce négligé, et que sa pâleur lui va bien ! C’est Leroi qui a fait cette robe n’est-ce pas ? et mademoiselle Minette cette guimpe charmante ? Ah ! je reconnais bien là leur bon goût et le vôtre. Madame de V… n’aurait jamais rien choisi de pareil. Ces femmes-là ont peur du simple comme nous du commun. Il faut absolument que je me donne une dentelle comme celle-ci.

— Je l’ai rapportée de Bruxelles, répondit Ermance, et si vous désirez un fichu semblable, je me charge de vous le commander.

C’était s’engager à l’offrir, et madame de Cernan avait un penchant décidé pour ce qu’elle appelait les présents de l’amitié. Ermance lui savait si bon gré d’avoir distrait son em-