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Page:Nichault - Un mariage sous l empire.djvu/97

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— C’est selon, reprit Adhémar.

Et il s’informa si madame de Lorency n’avait pas donné une lettre à Étienne qui venait d’arriver en même temps que M. Brenneval. Alors ce dernier répond par la phrase qu’il avait arrangée, et Adhémar laisse échapper un soupir qui trahit sa peine.

— Mais il n’y a pas grand regret à avoir, puisque vous la reverrez dans quelques heures.

— Je ne crois pas que cela me soit possible, reprit M. de Lorency ; on m’a fait promettre de repartir aussitôt que j’aurai les dépêches.

— Bon, ils disent toujours ainsi, et ils savent bien qu’on ne leur tient jamais parole, dit M. de Maizières ; témoin notre ami Jules de C…, qui est resté deux jours caché dans une armoire avec l’ordre en poche de rejoindre sans délai l’armée.

— Il ne risquait que sa disgrâce, reprit Adhémar ; il n’était porteur d’aucune dépêche, et puis…

Une réflexion pénible l’empêcha de continuer.

— Et puis, c’est à sa maîtresse qu’il sacrifiait son devoir. On n’en fait jamais tant pour sa femme, ajouta Ferdinand ; voilà ce que tu n’osais dire.

À ces mots, M. Brenneval fit un mouvement qui ne laissa aucun doute sur l’humeur qu’il ressentait de la plaisanterie de Ferdinand. Adhémar s’en aperçut, et, désirant éviter des reproches injustes, il feignit d’espérer obtenir quelques moments de plus, et dit qu’il allait se rendre dans ce but chez le ministre de la guerre. La vérité est qu’il se flattait qu’Ermance aurait fait quelques réflexions qui lui seraient favorables, et, qu’attentif au moindre bruit qui se faisait dans la cour, il croyait toujours entendre le galop d’un cheval, et s’imaginait qu’Ermance envoyait courir après lui.

Dans cet état d’anxiété, incapable de supporter même la conversation d’un ami, il prit congé de M. de Maizières, et sortit en priant M. Brenneval de ne point l’attendre pour retourner à Nanteil. Puis il alla chez le ministre de la guerre, non pour lui demander une prolongation de séjour, mais pour hâter son départ. Il n’attendit que le temps de cacheter les dépêches, revint chez lui avec un faible espoir d’y trouver une réponse