Page:Nietzsche - Considérations inactuelles, I.djvu/50

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cette symphonie devient « la moins spirituelle ». Le magister classique semble même avoir eu présent à l’esprit un terme plus brutal, mais il a préféré s’exprimer, comme il dit, « avec la modestie qui convient ». Mais il a bien tort, notre magister, croyons-nous ; il est cette fois-ci vraiment trop modeste. Qui donc nous instruira encore sur le Beethoven à la confiture, si ce n’est Strauss lui-même, le seul homme qui semble véritablement le connaître ? Du reste, immédiatement après, nous trouvons un jugement vigoureux, prononcé avec l’immodestie qui convient, et c’est précisément de la neuvième symphonie qu’il s’agit. Celle-ci ne serait aimée que de ceux qui « prennent le baroque pour le génial, l’informe pour le sublime » (p. 359). Il est vrai qu’un critique aussi sévère que Gervinus lui a souhaité la bienvenue, la considérant comme une confirmation d’une doctrine de Gervinus, mais lui, Strauss, insinue qu’il serait très éloigné de trouver du mérite à « un produit aussi problématique » de son Beethoven. « C’est une misère, s’écrie notre magister avec un tendre soupir, c’est une misère que chez Beethoven la jouissance et l’admiration volontiers prodiguée doivent s’amoindrir par de pareilles restrictions ». Il ne faut pas oublier que notre magister est un favori des Grâces ; et celles-ci lui ont raconté qu’elles ont accompagné Beethoven seulement un bout de chemin, et qu’ensuite il les a de nouveau perdues de vue. « C’est là un défaut,