Esprits dirigeants et leurs instruments. — Nous
voyons les grands politiques, et généralement tous
ceux qui doivent se servir de beaucoup d’hommes
pour l’exécution de leurs plans, se comporter tantôt d’une façon, tantôt d’une autre : ou bien ils
choisissent avec beaucoup de recherche et de soin
les hommes qui conviennent à leurs desseins et
leur laissent alors une liberté relativement grande,
sachant que la nature de ces personnes choisies les
entraîne justement dans la direction où eux-mêmes
veulent les avoir ; ou bien ils les choisissent mal,
et même prennent ce qui leur tombe sous la main,
mais ils forment de cette argile quelque chose qui
sert à leurs fins. La seconde espèce d’esprits est la
plus violente, elle exige aussi des instruments plus
assujettis ; leur connaissance des hommes est d’ordinaire bien moindre, leur mépris des hommes plus
grand que chez les premiers esprits, mais la machine qu’ils construisent travaille communément
mieux que la machine qui sort des ateliers de ceux-là.
Nécessité d’un droit arbitraire. — Les juristes disputent si c’est le droit le plus complètement, approfondi par la réflexion ou bien le plus aisé à comprendre qui doit triompher chez un peuple. Le