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OPINIONS ET SENTENCES MÊLÉES

à plusieurs conditions humaines, l’introduisant dans le langage là où il y avait une lacune, à son grand profit personnel, pour autant qu’il était moraliste — dès lors il put parler de la « volonté » le mot de la même façon dont Pascal en avait parlé —, le mot « volonté » chez Schopenhauer dégénéra entre les mains de son inventeur, à cause de sa rage philosophique des généralisations, pour le plus grand malheur de la science : car c’est faire de cette volonté une métaphore poétique que de prétendre attribuer à toutes les choses de la nature une volonté ; enfin, on en a abusé par une fausse objectivation, en vue de l’utiliser à toutes sortes d’excès mystiques — et tous les philosophes à la mode répètent et semblent savoir exactement que toutes choses n’ont qu’une seule volonté et qu’elles sont même cette seule volonté (ce qui voudrait dire, d’après la description que l’on donne de cette volonté une et universelle, que l’on veut absolument avoir pour Dieu le stupide démon).

6.

Contre les imaginatifs. — L’imaginatif nie la vérité devant lui-même, le menteur seulement devant les autres.

7.

Inimitié contre la lumière. — Si l’on fait comprendre à quelqu’un qu’au sens strict il ne peut jamais parler de vérité, mais seulement de probabilité et des degrés de la probabilité, on découvre généralement, à la joie non dissimulée de celui que