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LE VOYAGEUR ET SON OMBRE

bon et ce qui paraît bon marché. Donc sur le domaine du travail, notre devise doit être aussi : « plus de respect des capacités ! »

281.

Le danger des rois. — Sans violence et seulement par une pression constante et légale, la démocratie est à même de rendre creux l’empire et la royauté, jusqu’à ce qu’il n’en reste plus qu’un zéro. On peut si l’on veut lui accorder la signification de tout zéro qui, par lui-même, n’est rien, mais qui, placé à droite d’un nombre, a pour effet de décupler sa valeur. L’empire et la royauté demeureraient des ornements magnifiques sur le vêtement simple et pratique de la démocratie, le beau superflu que celle-ci se permet, le reste historique et vénérable d’une parure ancestrale, le symbole même de l’histoire — et cette situation unique serait d’un grand effet, si elle n’était pas isolée, mais mise en bonne place. — Pour prévenir ce danger de l’excavation, les rois se cramponnent maintenant avec rage à leur dignité de chef suprême de l’armée : pour mettre cette dignité en relief ils ont besoin de guerres, c’est-à-dire de conditions exceptionnelles, où s’arrête cette lente pression légale des forces démocratiques.

282.

Le professeur est un mal nécessaire. — Aussi peu de personnes que possible entre les esprits productifs et les esprits qui ont soif de recevoir ! Car les intermédiaires falsifient presque involontairement