Page:Nietzsche - La Volonté de puissance, t. 1, 1903.djvu/140

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l’autre très forte et surprenante, appelant la première " homme ", la seconde " Dieu ". Il en a continuellement agi ainsi ; dans la période d’idiosyncrasie morale, il n’a pas considéré comme " voulues ", comme " œuvre de l’individu " ses sublimes conditions morales. Le chrétien, lui aussi, substitue à sa personne deux fictions, l’une mesquine et faible qu’il appelle l’homme, l’autre surnaturelle qu’il appelle Dieu (Sauveur, Rédempteur)… La religion a abaissé le concept " homme " ; sa conséquence extrême c’est que tout ce qui est bon, grand, vrai, demeure surhumain et n’est donné que par grâce…

88.

L’homme ne se connaissait pas au point de vue physiologique, tout au long de la chaîne qui traverse des milliers d’années : il ne se connaît pas encore aujourd’hui. De savoir par exemple que l’on possède un système nerveux ( - et non pas une " âme " - ), cela demeure encore le privilège des plus instruits. Mais, en cette matière, l’homme ne se contente pas de ne pas savoir. Il faut être très humain pour dire " c’est une chose que je ne sais pas ", pour s’accorder de l’ignorance. Si par exemple l’homme souffre ou s’il est de bonne humeur, il ne doute pas qu’il en trouvera la raison, pourvu qu’il cherche. Donc il se m