Page:Nietzsche - La Volonté de puissance, t. 1, 1903.djvu/150

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’une autre estimation des valeurs, pour sauver une " âme ", le " salut " d’une âme, croyait d’une part à la puissance expiatrice de la punition et, d’autre part, à la puissance annulatrice du pardon. Ces croyances sont toutes deux des illusions du préjugé religieux - la punition ne répare point, le pardon ne saurait effacer ; ce qui est fait ne peut pas devenir " non fait ". Parce que quelqu’un oublie quelque chose, il n’est pas prouvé que cette chose n’existe plus… Une action tire ses conséquences dans l’homme et en dehors de l’homme, il importe peu qu’elle passe pour punie, " expiée ", " pardonnée ", " effacée ", ou encore que l’Église ait donné de l’avancement au coupable pour en faire un de ses saints. L’Église croit à des choses qui n’existent pas, à des " âmes " ; elle croit à des effets qui ne se produisent pas, aux effets divins ; elle croit à des conditions qui ne se produisent pas, au péché, à la rédemption, au salut de l’âme : elle s’arrête partout à la surface, aux signes, aux attitudes, aux paroles, à quoi elle donne une interprétation arbitraire. Elle possède une méthode raisonnée de faux monnayage psychologique.

96.

La charlatanerie morale du christianisme. — La pitié et le mépris se suivent dans une variation rapide, et je me sens parfois révolté comme à l’as