Page:Nietzsche - La Volonté de puissance, t. 1, 1903.djvu/181

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mêmes moyens : toujours l’onction chrétienne, la récusation absolue, en réservant sa propre ruse.

125.

Rien n’est moins innocent que le Nouveau Testament. On sait sur quel terrain il s’est développé. Ce peuple, avec une volonté implacable à vouloir s’affirmer, qui, lorsqu’il eut perdu tout soutien naturel, étant privé depuis longtemps de tout droit à l’existence, sut s’imposer malgré tout en s’appuyant sur des hypothèses absolument antinaturelles et imaginaires (se disant le peuple élu, la communauté des saints, le peuple de la promesse, l’« Église ») : ce peuple mania le pia fraui avec une perfection telle, avec un degré de " bonne conscience " qui fait que l’on ne saurait être assez prudent lorsqu’il prêche la morale. Lorsque des juifs se présentent comme s’ils étaient l’innocence même, c’est qu’un grand danger les menace : il faut avoir toujours sous la main son petit fond de raison, de méfiance et de méchanceté lorsqu’on lit le Nouveau Testament. Des gens de l’origine la plus basse, de la racaille ou peu s’en faut, les réprouvés, non seulement de la bonne société, mais encore de la société estimable, des gens qui ont grandi à l’écart même de l’odeur de la culture, sans discipline, ignorant, ne se doutant même pas que, dans les choses intellectuelles, il pût y avoir de la conscience, en un