Page:Nietzsche - La Volonté de puissance, t. 1, 1903.djvu/207

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tive. Ce qui, par contre, est condamnable au-delà de toute expression, c’est le lâche palliatif d’une religion telle que le christianisme : plus exactement de l’Église qui, au lieu d’encourager à la mort et à la destruction de soi-même, protège tous les mal-venus et les malades et les pousse à se reproduire. Problème : quels moyens faudrait-il employer pour réaliser une forme sévère du grand nihilisme contagieux, une forme qui enseignerait et exercerait la mort volontaire avec une minutie vraiment scientifique ( - et qui ne s’arrêterait pas à laisser végéter faiblement les êtres en vue d’une post-existence mensongère - ) ? On ne saurait assez reprocher au christianisme d’avoir déprécié, par l’idée de l’immortalité personnelle, la valeur d’un pareil mouvement nihiliste, purificateur et grand, tel qu’il était peut-être déjà en train de se former : et encore par l’espoir de résurrection : bref, d’avoir toujours empêché l’acte du nihilisme, le suicide… Il substitua à celui-ci le suicide lent, et, graduellement, une petite existence pauvre, mais durable ; graduellement une vie tout à fait ordinaire, bourgeoise et médiocre, etc.

153.

Le christianisme est une dénaturation de la morale de troupeau, sous l’empire de l’aveuglement volontaire et du malentendu le plus absol