Page:Nietzsche - La Volonté de puissance, t. 1, 1903.djvu/232

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cause, mais un effet. La morale suit, l’idéal vient à la fin. — D’autre part l’apparition des scrupules moraux (autrement dit la conscience des valeurs selon quoi l’on agit) révèle un certain état maladif ; les époques fortes et les peuples vigoureux ne réfléchissent pas à leurs droits, aux principes qui les font agir, à l’instinct et à la raison. La conscience qui vient c’est l’indice que la véritable moralité, c’est-à-dire la certitude instinctive dans l’action, s’en va au diable… Les moralistes sont, chaque fois que se crée un nouveau monde de la conscience, le signe d’une lésion, d’un appauvrissement, d’une désorganisation. — Les êtres profondément instinctifs craignent la logique du devoir : on trouve parmi eux des adversaires pyrrhoniens de la dialectique et de la connaissance en général… Une vertu est réfutée avec un " pour ". Thèse : l’apparition des moralistes appartient aux époques où c’en est fini de la moralité. Thèse : le moraliste est un élément dissolvant dans l’instinct moral, quelle que soit la part qu’il croit avoir à son rétablissement. Thèse : ce qui pousse effectivement le moraliste, ce ne sont pas les instincts moraux, mais les instincts de décadence traduits en formules de morale ( - l’incertitude dans les instincts lui apparaît à lui comme de la corruption). Thèse : les instincts de décadence qui, par les