Page:Nietzsche - La Volonté de puissance, t. 1, 1903.djvu/254

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ns la vie civile ; vouloir à tout prix méconnaître l’histoire (comme si elle était œuvre éducatrice pour des fins morales) ou être pessimiste en regard de l’histoire (ce dernier état d’esprit est une conséquence de la dépréciation de la nature tout aussi bien que cette pseudo-justification, cette insistance à ne pas vouloir regarder ce que voit le pessimiste - ).

187.

" La morale pour la morale. " - C’est là un degré important dans la dénaturation de la morale : elle apparaît elle-même comme valeur dernière. Dans cette phase, la religion s’est imprégnée d’elle : c’est le cas du judaïsme par exemple. Et de même il existe une phase où elle se sépare de nouveau de la religion et où nul Dieu ne lui paraît assez "moral" : alors elle préfère un idéal impersonnel… C’est le cas maintenant. " L’art pour l’art " - principe tout aussi dangereux : on introduit ainsi dans les choses une opposition dangereuse, — et l’on aboutit à une calomnie de la réalité ("idéalisation" dans le sens de la laideur). Lorsque l’on dégage un idéal de la réalité, on abaisse la réalité, on l’appauvrit ou la calomnie. " Le beau pour le beau ", " le vrai pour le vrai ", " le bien pour le bien " - ce sont là trois formes du mauvais œil pour la réalité. — L’art, la connaissance, la morale son