Page:Nietzsche - La Volonté de puissance, t. 1, 1903.djvu/255

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t des moyens : au lieu de reconnaître en eux l’intention de rendre la vie plus intense on les a mis en rapport avec une opposition de la vie, avec "Dieu", — en quelque sorte comme des révélations d’un monde supérieur que l’on voit transparaître de temps en temps à travers celui-ci… " Beau et laid ", " vrai et faux ", " bien et mal " - ces séparations et ces antagonismes révèlent des conditions d’existence et de gradation, non seulement chez l’homme en général, mais chez n’importe quel complexe solide et durable qui veut se séparer de ses adversaires. La guerre qui est ainsi créée est le point essentiel : elle est un moyen de séparation qui renforce l’isolement.

188.

La dénaturation de la morale. — On veut séparer les actes des hommes qui les exécutent ; on veut tourner la haine et le mépris contre le " péché " ; on croit qu’il existe des actes qui, par eux-mêmes, sont bons ou mauvais. Rétablissement de la "nature" : par lui-même un acte est absolument dépourvu de valeur : l’important c’est de savoir qui agit. Le même "crime" peut être, dans un cas, un privilège supérieur et dans un autre une flétrissure. De fait, c’est l’égoïsme des juges qui interprète une action (ou l’auteur de celle-ci) selon qu’elle leur est utile ou nuisible à