Page:Nietzsche - La Volonté de puissance, t. 1, 1903.djvu/275

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ation d’en bas vers en haut en même temps comme un abandon du grand nombre, pour descendre vers le petit nombre. Le troupeau considère l’exception, tant celle qui se trouve au-dessous que celle qui se trouve au-dessus de lui, comme quelque chose qui prend à son égard une attitude hostile et dangereuse. Son artifice par rapport à l’exception d’en haut, les hommes les plus forts, plus puissants, plus sages, plus féconds, c’est de les décider au rôle de gardiens, de bergers, de conducteurs - ce qui fait d’eux ses premier serviteurs : il a transformé de la sorte un danger en un bienfait. Au centre la crainte cesse ; on n’y est seul avec rien et personne ; il n’y a point de place pour le malentendu ; là il y a égalité ; là on ne sent pas comme un reproche sa propre existence, mais comme l’existence véritable ; là règne le contentement. La méfiance s’exerce à l’égard des exceptions ; être une exception est considéré comme une faute.

208.

Critique des vertus du troupeau. — L’inertie est active : 1) dans la confiance, parce que la méfiance nécessite la tension, l’observation, la réflexion ; — 2) dans la vénération, où l’espace qui sépare de la puissance est grand et la soumission nécessaire : pour ne point craindre on essaie d’aimer, de vénérer et d’interpréter les différenc