Page:Nietzsche - La Volonté de puissance, t. 1, 1903.djvu/277

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tions et les besoins de l’exception, il faut trouver naturel que l’on mente beaucoup ici.

210.

L’esprit de clocher et l’attachement à la glèbe de l’évaluation morale, avec son point de vue de l’utile et du " nuisible ", a son bon côté ; c’est la perspective nécessaire d’une société qui n’est capable d’apercevoir que les suites immédiates et proches : — L’État et le politicien ont déjà besoin d’une façon de penser plutôt hyper morale : car il leur faut calculer un ensemble d’effets beaucoup plus complexe. De même on pourrait imaginer une économie universelle qui aurait des perspectives si lointaines que toutes ses exigences particulières paraîtraient au moment même injustes et arbitraires.

211.

La morale comme moyen de séduction. — " La nature est bonne, car un Dieu sage et bon en est la cause. Qui donc est, par conséquent, responsable de la " corruption des hommes " ? Les tyrans et les séducteurs, c’est-à-dire les classes dirigeantes, — il faut les anéantir. " - C’est la logique de Rousseau (à comparer la logique de Pascal qui en déduit la conclusion du péché originel). Il faut comparer aussi la logique analogue de Luther. Dans les deux cas, on cherche un prétexte pour introduire un insatiable besoin de haine