Page:Nietzsche - La Volonté de puissance, t. 1, 1903.djvu/283

La bibliothèque libre.
Cette page n’a pas encore été corrigée

hui que nous nous donnons la plus grande peine de l’éteindre, et que nous mettons tout notre sérieux à purifier de cette impureté la psychologie, la morale, l’histoire, la nature, les institutions et les sanctions sociales, Dieu lui-même - en qui devons-nous voir nos antagonistes naturels ? Précisément dans ces apôtres de la vengeance et du ressentiment, dans ceux qui sont par excellence ces pessimistes indignés, qui se font une mission de sanctifier leur malpropreté sous le nom d’" indignation "… Nous autres qui souhaitons que le devenir regagne son innocence, nous voudrions être les missionnaires d’une idée plus pure : l’idée que personne n’a donné à l’homme ses qualités, ni Dieu, ni la société, ni ses parents, ni ses ancêtres, ni lui-même, que la faute de son existence n’incombe à personne… Il n’existe pas d’être qui puisse être rendu responsable du fait que quelqu’un est né dans ces circonstances et dans ce milieu. — C’est une grande consolation de savoir qu’il n’existe pas de pareil être… Nous ne sommes pas les résultats d’une intention éternelle, d’une volonté, d’un désir, par notre moyen on ne fait pas la tentative de réaliser un " idéal de perfection " ou bien un " idéal de bonheur ", ou bien un " idéal de vertu ", — nous sommes d’ailleurs tout aussi peu la méprise de Dieu, une méprise dont il eut peur lui-même (on sait que l’Ancien Testament commence