Page:Nietzsche - La Volonté de puissance, t. 1, 1903.djvu/317

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les unes à côté des autres, la plupart des évaluations morales ; — ils donnent à entendre que toute morale se justifie au point de vue de la dialectique : c’est-à-dire qu’ils révèlent comment toute fondation d’une morale doit nécessairement être sophistique, — proposition qui a été démontrée après coup, dans le plus grand style, par les philosophes antiques depuis Platon (jusqu’à Kant) ; — ils établissent la première vérité qu’une " morale en soi ", un " bien en soi " n’existent pas, que c’est folie de parler de vérité sur ce domaine. — Où donc était, à cette époque la probité intellectuelle ? La culture grecque des sophistes avait pris naissance dans tous les instincts grecs ; elle fait partie de la culture de l’époque de Périclès aussi nécessairement que Platon n’en fait pas partie : elle a ses précurseurs en Héraclite, en Démocrite, dans les types scientifiques de l’ancienne philosophie : elle trouve par exemple son expansion dans la culture supérieure d’un Thucydide. Et elle a fini par avoir raison : tout progrès de la connaissance psychologique ou morale a restitué les sophistes… Notre esprit d’aujourd’hui est au plus haut point celui d’Héraclite, de Démocrite et de Protagoras… Il suffit même de dire qu’elle est protagorique parce que Protagoras résuma en lui les deux hommes, Héraclite et Démocrite. (Platon, un grand Cagliostro, — que l’on songe à la façon dont le jugea Epicure ; à la façon dont