Page:Nietzsche - La Volonté de puissance, t. 1, 1903.djvu/71

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21.

Le nihiliste parfait. — L’œil du nihiliste idéalise dans le sens de la laideur, il est infidèle à ce qu’il retient dans sa mémoire —  : il permet à ses souvenirs de tomber et de s’effeuiller ; il ne les garantit pas de ces pâles décolorations que la faiblesse étend sur les choses lointaines et passées. Et ce qu’il ne fait pas à l’égard de lui-même, il ne le fait pas non plus à l’égard de tout le passé des hommes, — il laisse s’effriter ce passé.

22.

Pour la genèse du nihiliste. — On n’a que très tard le courage de s’avouer ce que l’on sait véritablement. Que j’ai été jusqu’à présent foncièrement nihiliste, il y a très peu de temps que je me le suis avoué à moi-même : l’énergie ou la nonchalance que je mis, comme nihiliste, à aller de l’avant m’ont trompé sur ce fait principal. Lorsque l’on marche vers un but il semble impossible que " l’absence de but par excellence " soit un article de foi.

23.

Les valeurs et les changements de valeurs sont en proportion avec l’augmentation de puissance de celui qui fixe les valeurs. Le degré d’incrédulité, de " liberté " accor-