Page:Nietzsche - La Volonté de puissance, t. 1, 1903.djvu/70

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temps accumulé de l’affirmation et de l’adoration s’y décharge…

Phase du mépris, même à l’égard de la négation … même à l’égard du doute… même à l’égard de l’ironie… même à l’égard du mépris…

Catastrophe : le mensonge ne serait-il pas quel que chose de divin ? La valeur de toutes choses ne réside-t-elle pas en ceci qu’elles sont fausses ?… Ne faudrait — il pas croire en Dieu, non point parce qu’il est vrai, mais parce qu’il est faux… ? Le désespoir n’est-il pas seulement la conséquence d’une croyance en la vérité divine ? N’est-ce pas justement le mensonge et la falsification, en substitution d’un sens faux qui donne une valeur, un sens, un but ?…

20.

Le nihilisme n’est pas seulement une méditation au sujet de cet « en vain ! », ce n’est pas seulement l’habitude de croire que tout mérite de périr : on y met soi-même la main, on détruit… Cela est, si l’on veut, illogique : mais le nihilisme ne croit pas à la nécessité d’être logique… C’est la condition d’esprits vigoureux et de volontés fortes : et pour ceux-ci il est impossible de s’arrêter à la négation du « jugement » : la négation qui agit tire son origine de leur nature. L’anéantissement par le jugement seconde l’anéantissement par la main.