Page:Nietzsche - La Volonté de puissance, t. 1, 1903.djvu/84

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y a entre la culture et la civilisation. Les grands moments de la culture furent toujours, au point de vue moral, des époques de corruption ; et, d’autre part, les époques de domestication voulue et forcée à l’égard de l’homme (" civilisation " -) était des périodes d’intolérance pour les natures les plus intellectuelles et les plus audacieuses. La civilisation veut quelque chose d’autre que ce que veut la culture : peut-être leurs buts sont-ils opposés…

32.

Les problèmes non résolus que je pose : le problème de la civilisation, la lutte entre Rousseau et Voltaire aux environs de 1760. L’homme devient plus profond, plus " immoral " -, plus fort, plus confiant en lui-même — et, dans la même mesure, plus " naturel " : c’est là le progrès. — Par une sorte de division du travail, les couches devenues plus méchantes et les couches adoucies, domptées, se séparent alors : en sorte que les faits d’ensemble ne s’aperçoivent pas à première vue. Cela fait partie de la vigueur, de la domination de soi et de la fascination des êtres plus forts, si ces couches plus fortes possèdent l’art de faire passer leur plus grande méchanceté pour quelque chose de supérieur. Dès qu’il y a " progrès ", les éléments renforcés s’interprètent dans le sens du " bie