Page:Noël - Fin de vie (notes et souvenirs).djvu/87

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défendre ses filles contre la bande de Duramé était dans la famille à l’état de légende.

Je n’ai pas connu ma grand’mère Marianne, mais j’ai connu Marguerite, sa sœur ; j’ai connu Jacques Doury, mon grand-père, que je vois encore, vêtu d’un carrick à trente-six collets, se chauffer à notre poêle de la rue Saint-Hilaire.

Je n’ai pas connu le grand-père Noel, mort l’année de ma naissance (1816), mais j’ai connu Catherine Leborgne, sa femme, ma grand’mère, une toute petite bonne femme, un peu courbée, mais alerte encore à quatre-vingt-quatre ans, après avoir gaillardement mis au monde et très honnêtement élevé dix filles et deux garçons.

Du côté de ma femme, je ne remonte pas plus haut que sa grand’mère, née Véronique Petit, un vrai type de paysanne dix-huitième siècle.

On ne sait plus combien nos vieux paysans avaient su, malgré tout, conserver l’indépendance d’esprit et de parole (entre eux, du moins), et sachant y mêler bon sens et bon cœur.

Deux ou trois mille articles qu’en un demi-siècle j’ai disséminés dans quarante journaux ne seront jamais relus par personne ; je ne les relirai pas moi-même ; mais qui aurait la patience d’y jeter les yeux reconnaîtrait certainement que le peu qu’ils peuvent