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EINSTEIN ET L’UNIVERS.

cueillir à loisir dans le champ des hypothèses, rien ne nous empêche de supposer que cette balle est une balle traçante qui marque sa trajectoire par une légère traînée lumineuse. La grande guerre a connu des balles de ce genre.

Cette balle, en même temps qu’elle avance, tombe chaque seconde vers le sol lunaire, d’une quantité égale à celle dont tomberait tout autre projectile lancé à n’importe quelle vitesse, ou même sans vitesse. Tous les objets près de la surface du sol tombent (dans le vide) avec la même vitesse verticale, et qui est indépendante de leur déplacement dans le sens horizontal. C’est même pour cela que les trajectoires des projectiles sont d’autant plus incurvées qu’ils ont une plus faible vitesse initiale.

Observée à travers les hublots de l’obus de Jules Verne (qui, au même moment, tombe librement vers la Lune), la trajectoire de cette balle paraîtra aux passagers une ligne droite parce qu’elle tombe avec la même vitesse qu’eux.

Supposons qu’un rayon lumineux provenant de la lueur du fusil sorte de celui-ci en même temps que la balle, en la rasant, et dans la même direction. Ce rayon lumineux sera évidemment rectiligne pour les passagers de l’obus, puisque la lumière se propage en ligne droite quand il n’y a pas de pesanteur. Par conséquent, puisqu’il a la même forme, la même direction et la même vitesse que la balle fusante, les passagers verront ce rayon lumineux coïncider pendant tout son trajet avec la trajectoire de cette balle.